148 L’AME ENCHANTEE
annonça qu’elle allait reprendre son chez soi et son travail régulier, Annette soupira ; mais elle ne fut pas surprise. Sylvie, qui s’attendait à une opposition, fut beaucoup plus touchée du soupir, du silence, que de toutes les paroles. Elle courut à sa sœur assise, et, agenouillée devant elle, lui enlaçant la taille, et lui tendant ses lèvres :
— Annette, ne m’en veux pas !
— Chérie, lui dit Annette, ce qui est ton bonheur est le mien, tu le sais.
Mais elle avait de la peine. Sylvie en avait aussi.
— Ce n’est pas ma faute, dit-elle. Je t’aime tant, je t’assure !
— Oui, mon petit, je suis sûre.
Elle souriait, mais elle fit encore un gros soupir. Sylvie, toujours à genoux, lui prit entre ses mains le visage, et en approchant le sien :
— Je te défends de soupirer !… Vilaine ! Si tu soupires comme ça, je ne pourrai plus partir. Je ne suis pas un petit bourreau.
— Non, chérie, tu n’es pas… J’ai tort, je ne le ferai plus… Mais ce n’était pas pour te blâmer. C’est qu’on va se quitter.
— Se quitter !… Par exemple !… Vilaine !… On se verra, tous les jours. Tu viendras. Je viendrai. Tu me gardes ma chambre. Est-ce