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Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 1.djvu/195

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Annette subit l’attrait. Elle le jugeait assez bien, mais elle ne l’en aimait que mieux. Elle souriait de ses faiblesses, qui lui étaient infiniment chères. Il lui semblait que, par là, il était moins homme et plus enfant. Son cœur se réjouissait qu’il fût l’un et l’autre. Un charme de Roger était qu’il ne cachait rien ; il se montrait tout entier. Le naïf contentement qu’il avait de lui-même lui prêtait un naturel parfait.

Il se livra d’autant mieux qu’il s’était épris d’Annette. Ardemment, sans réserves. Il n’aimait rien à demi. Mais il ne voyait rien qu’à moitié.

Il s’enflamma pour elle, un soir que dans un salon il avait été très éloquent. Annette n’avait rien dit ; mais elle avait merveilleusement écouté. (Du moins, il le pensait). Ses yeux intelligents lui rendaient sa propre pensée plus claire et plus ailée. Son sourire lui donnait la joie de ce qu’il avait si bien dit, et celle plus douce encore de la sentir partagée… Qu’elle était belle ainsi, celle qui l’écoutait ! Quel admirable esprit, quelle âme exceptionnelle se lisaient en ces yeux attentifs et parlants, en ce