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Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 2.djvu/321

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ne cherchait même pas à arrêter ce torrent. Lèvres serrées, yeux mornes… Enfin, Noémi se tut, devant cette immobilité. Elle lui prit les mains, — froides, moites. Elle dit :

— Répondez ! Répondez !

Annette, sans la regarder, murmura : — Laissez-moi !…
(si bas que Noémi le lut sur ses lèvres, plus qu’elle ne l’entendit). Elle reprit :

— Vous voulez que je parte ?

Annette fit signe que oui.

— Je m’en vais. Mais vous avez promis ?

Annette répéta, lassée :

— Laissez-moi, laissez-moi… J’ai besoin d’être seule…

Noémi, prestement, rétablit sa coiffure devant le miroir, et, se dirigeant vers la porte, elle dit :

— Adieu… Vous avez promis…

Annette fit un dernier geste de protestation :

— Non ! Je n’ai rien promis…

Noémi sentit la colère la reprendre… Après tant d’efforts ! … Mais son instinct lui dit qu’il ne fallait pas aller trop vite, ne pas trop tendre la corde… Tout de même, le coup était porté !

Elle se retira.

Elle avait reconnu la faiblesse de l’ennemie. Elle la piétinerait.