Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/181

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se plaignant. Non ! Il ne disait rien. Il se sacrifiait…

De toutes les attitudes, c’était celle qu’Annette pouvait le moins supporter…

— « Un sacrifice, mon ami ? Je n’en veux point. Plutôt me priver de toi !… »

Elle fit une dernière tentative…

— « C’est Paris qui lui manque ? Allons donc à Paris ! »

Elle y passa avec lui les trois dernières semaines de ses vacances, malgré la répulsion secrète à y rentrer.

Depuis près d’une année, elle n’y avait conservé de relations, en dehors de Sylvie, qu’avec la petite veuve et vierge endeuillée, Lydia Murisier, des lettres qui se faisaient plus rares et plus lointaines. Les deux femmes s’aimaient ; et pourtant, c’était comme si, dans l’échange de leurs pensées, elles eussent butté sur des mots — des barrières du cœur : — une gêne qu’elles ne voulaient pas approfondir. Elles gardaient l’une de l’autre une tendre image ; il leur eût été doux de s’embrasser ; et elles ne désiraient point une rencontre, qui les eût forcées à s’expliquer. Lorsqu’à son arrivée, Annette apprit que Lydia était, pour quinze jours, absente de Paris, elle en fut à la fois déçue et soulagée.