Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/198

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Elle partit, désemparée. Il lui était plus étranger que quand ils se heurtaient. À l’adversaire encore on est lié. On ne l’est plus à l’indifférent. Elle lui était devenue inutile. Les autres — Sylvie — lui suffisaient. Qui quitte sa place la perd. Il n’en était plus pour elle.

Plus dans le cœur de son fils. Plus dans l’univers. Car elle voyait partout avec qui elle n’était pas. Et elle ne voyait point avec qui elle était. Toutes leurs raisons de vivre, de vouloir vivre, de croire, de vouloir croire, de combattre, de vouloir vaincre, étaient tombées de son corps comme un vêtement usé, comme d’un arbre les feuilles de l’été passé. Et cependant, elle voulait. Elle ne connaissait guère ces états neurasthéniques, où se dissout et fuit peureusement l’énergie. D’énergie elle était chargée. Son oppression venait de ce qu’elle n’en avait plus l’emploi. Que faire de cette force, de ce besoin d’agir, de ce besoin de combattre, de ce besoin d’aimer, de ce besoin —