Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/228

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neuf sur dix ! Et privé des neuf autres, le dixième ne pourrait rien.

— Oui, la guerre pour la paix… Ce n’est point ce que je veux dire… Vous ne croyez pas, je pense, à cette sinistre mômerie ?

— Je n’y crois pas. Non. Mais eux y croient. Je respecte leur foi.

— Leur foi ? Un masque, dont ils cachent leurs instincts de malfaisance, de jalousie, d’orgueil, de convoitise, pillardise, paillardise…

— N’en jetez plus !

— Il en reste.

— Que savez-vous de toute cette marchandise ?

— Je connais tous les articles. Je les ai. Je les tiens dans mon coffre.

Germain s’arrêta, pour envelopper d’un regard de connaisseur, la femme, devant son lit, qui parlait de paix, et qui soufflait le feu. Puis, il dit (il ne dit pas exactement les mots qu’il pensait) :

— Vous avez de la race. Il ne vous manque rien !… Mais dites-moi, dame Judith, puisque vous prêtez au Philistin une partie de vos vertus, ne restez pas en chemin, et faites-lui aussi largesse des autres, du meilleur !…

— Que voulez-vous dire ?

— Eh bien, oui, votre amour, votre foi, votre sincérité… Vous rejetez ces gens, vous les rejetez en bloc, comme menteurs et malfaisants. C’est