Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les plus rouées, les rapproche de lui. Ce naïf est capable de lire à livre ouvert leurs ruses et leurs désirs, adroitement maquillés, et de ne pas s’en étonner. Il ne les blâme point ; et même, quand elles lui mentent, il ne les contredit point ; quand c’est « non », et qu’elles disent : « oui », sa tête, en les écoutant, hoche avec bienveillance ; mais ses yeux sérieux montrent bien qu’il entend : « non » ; et, devant son sourire affectueux, elles ne pensent pas à se fâcher. Elles voient en lui un camarade — point dupe et point complice — sincère et indulgent, qui les accepte telles qu’elles sont, et, telles qu’elles sont, qui les respecte.

La confiance ne peut être lente à s’établir entre les yeux du barbet en arrêt et les claires prunelles, fenêtres sans rideaux. Et le nom de Marc, prononcé par Annette, fait fondre le silence. Le visage ocre jaune de Pitan rayonne, dans sa barbe. Il dit :

— Vous êtes madame Rivière ?

Par tout ce qu’il sait d’elle et par ce qu’il a deviné, il a pour la mère de Marc un respect, qu’il s’empresse à lui témoigner.

— Vous me connaissez ? dit-elle.

— Je connais votre garçon.

— Il ne me ressemble pas.

— Naturellement, non. Il est comme tous les