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Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/116

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ne dirent pas un mot jusqu’au seuil de la porte… Ténèbres… Ils étaient un morceau des ténèbres… Il murmura :

— Bonne nuit…

Alors, il vit, devant lui, l’ombre mouvante, qui se referma sur lui. Leurs bouches se heurtèrent…

Annette disparut. Il se retrouva seul, devant la porte close. Il revint, dans la nuit…

Elle était remontée dans sa chambre, sans penser… Non ! point de pensée, encore !… Il faisait froid. Il faisait noir. La fatigue pesait, comme une dalle rabattue ; et l’afflux opaque de sa nuit intérieure la noyait dans un étang de naphte amoncelé… Elle se déshabilla, d’une main lourde et hâtive, sans ramasser les vêtements arrachés. La tête sur l’oreiller, et la lumière éteinte, elle voyait, au ciel noir, le Chariot. Et dans son cerveau luit l’éclair du déjà vu, le passé… Comme une pierre se détache… Ha !… elle tomba…

Mais, juste à ce moment — (un moment ?) — la constriction du cœur fit cabrer sa conscience. Elle se revit, assise sur son lit, ses mains pressant ses seins, et criant :

— Non ! cela n’est pas possible !…