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Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/190

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leurs vêtements, veilla sur sa toilette, s’absenta un moment, elle servit le déjeuner ; et tandis qu’ils étaient à table — (elle, se forçant à manger, pour qu’il ne pensât point qu’elle voulait être plainte ; lui, mangeant avec hâte et voracité, parce qu’il pensait aux heures qui allaient suivre et qu’il était pressé d’arriver) — elle lui dit qu’elle s’était procuré l’adresse qu’il cherchait ; et elle lui conseilla d’aller trouver Brissot, non pas à son domicile, mais à son cabinet d’avocat. Ses raisons étaient justes ; elle parlait posément. Il acquiesça. Il était reconnaissant à sa mère de l’effort qu’elle avait dû faire. Il ne lui en montra rien. Il n’entrait pas dans son plan de se laisser troubler maintenant par une émotion. Il voulait d’abord voir par lui-même et juger… Quant à celle qui resterait à attendre son jugement et souffrait, eh bien, elle souffrirait… Quelques heures de plus, ou de moins !.., Elle était habituée ! Il serait tendre, après. Oui, il se le promettait : quoi qu’il décidât. Et elle, d’avoir souffert, goûterait davantage le bonheur qu’il voudrait bien lui rendre… Il était trop sûr de son pouvoir sur elle, maintenant. Elle pouvait attendre… Il avait le temps !…