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Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/246

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foi, qui a reçu tant de soufflets qu’elle n’est plus aujourd’hui très fière ni très sûre de soi ?…

— Pardon !… Je ne t’ai point raillée, toi ! Quoi que tu croies, tu es, pour moi, au-dessus de ce que tu crois… Mais, c’est vrai, je n’aime point cet « humanitarisme » et cette « humanité », toutes ces bourdes creuses, ces idéologies, ces illusions de mots. Je vois les hommes, les hommes, de grands troupeaux qui errent, qui se serrent, qui se choquent, qui vont à droite, à gauche, en avant, en arrière, et soulèvent sous leurs pieds la poussière des idées. Je vois dans la vie, dans la leur, dans la nôtre, dans celle de l’univers, une tragi-comédie, dont le dénouement n’a pas été écrit : le scénario se compose, à mesure, selon l’improvisation des volontés qui mènent l’assaut. Et je suis de l’assaut, j’ai été désigné, — parce que je suis ton fils, parce que je suis Marc Rivière, — je ne puis plus me retirer. Mon orgueil y est engagé. Et que l’équipe dont je suis, perde ou non la partie, j’irai jusqu’au bout de la partie, sans flancher !

— Cette partie, quelle est-elle ? Dans quel camp se ranger ? Dans celui du nouveau ? Dans celui de l’ancien ? Qui sait ? Comment être sûr ? Peut-