Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/255

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ta vérité ! Ne la dévoile pas aux yeux qui ne peuvent la supporter ! À quoi bon ? À quoi bon ? Elle tue ceux qui la portent.

— À quoi bon ? À quoi bon ta vie ? Est ce que tu n’as pas vécu, toi, selon ta vérité ? Est-ce que tu as écouté ta vérité, ou le danger ? Est-ce que tu te repens de l’avoir écoutée ?… Réponds ! Réponds ! … Te repens-tu ?

Annette se débattit. Mais elle répondit :

— Non !

Elle était accablée. Elle pensait :

— C’est moi qui le tue.

Son fils la considéra avec tendresse. Et son jeune visage eut un grave sourire. Il dit :

— Maman, ne te tourmente pas !… Peut-être que cela n’arrivera point, qu’il ne se passera rien, que la guerre finira, avant… Rien n’est encore décidé. Je ne sais pas ce que je ferai. Je ne sais rien. La seule chose que je sais, c’est que, le moment arrivé, je serai sincère… Au moins, je tâcherai… Aide-moi, et prie !

— Je prie. Mais qui ?

— Ma source. Ton âme. J’en suis l’eau.