Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/27

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— Vous ne m’en voulez pas ?

Annette rit :

Ti voglio bene.

— Qu’est-ce que vous avez dit ?… Je n’ai pas compris.

— Tant mieux ! Il fallait écouter.

— Répétez !

— Nenni !

— Vous êtes si singulière ! On ne vous comprend pas. On devrait être gêné. Et je ne le suis jamais avec vous. Il me semble que je peux tout dire.

— C’est que je peux tout entendre.

— Vous êtes presque un garçon.

— De la même espèce, alors ? Amis !

— C’est ce qu’il y a de meilleur. Le seul bon, dans la vie. Il n’y en a pas beaucoup. Moi, je n’ai qu’un ami. Mais quand j’aime un ami, je l’aime tout entier. Je le voudrais tout entier. N’est-ce pas naturel ? On est forcé de le taire. Même lui, ne veut pas l’entendre. Dans ce monde, il n’est permis que d’aimer à moitié.

Annette, sans le vouloir, lui serra le bras qu’elle tenait.

— Vous me comprenez ? dit Franz.