Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/32

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— Ma foi ! Vous avez raison. Nous ne valons pas mieux que vous. Nous sommes de la même cuvée. Nous nous croyons bien forts devant la mort et la vie ; mais l’une et l’autre nous prennent toujours au dépourvu. Nous n’avons rien appris. Pour moi, l’inconvénient est minime, à présent, car je m’en vais de l’école. Mais vous qui restez, Annette, vous avez le temps de recevoir encore la règle sur les doigts. Gare à vous, nez au vent ! Votre vieille expérience, dont vous êtes bien fière, vous jouera plus d’un tour… Mais les borgnes sont rois, au royaume des aveugles. Je vous confie mon petit. Si vous n’avez qu’un œil…

— J’en ai deux beaux, pourtant, dit Annette, en riant.

— Ils ne sont pas faits pour voir, ils sont faits pour être vus… Mais si vous ne voyez pas pour vous, tâchez de voir pour lui ! C’est toujours plus facile d’être sage pour un autre… Guidez-le ! Aimez-le !…

Il ajouta :

— Ne l’aimez pas trop !

Annette haussa l’épaule.