Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/37

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— de ce qui n’a jamais existé… (Annette, se taisait, écoutait, admirait la folie des hommes en proie aux idées…) Ou bien, Franz, parlant pour deux, racontait l’emprisonnement, les années au camp, les ennuis qui prenaient dans l’éloignement un visage plaisant, ou ses rencontres de la journée, et ses projets, ce qu’il ferait, la guerre passée — (Et qui serait passé, entre temps ?…) Son regard oublieux, qui venait d’effleurer, fuyait la tenture creuse des joues évidées, comme accrochées aux piquets des pommettes… il fuyait, peureux, cherchant avec une hâte maladroite quelque autre objet plus rassurant… Et Germain souriait, stoïque, et l’aidait à reprendre pied sur la terre des vivants. Presque toujours, c’était lui qui disait :

— Assez parlé ! Maintenant, Annette, emmenez promener cet enfant ! Il ne faut pas perdre cette belle journée…

Il ajoutait, quand elle s’approchait, pour prendre congé :

— Ce soir, vous viendrez seule, un moment. J’ai besoin de vous…

Elle sortait avec Franz. Franz disait précipitamment :