Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 4.djvu/57

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et ce qu’une femme voit le moins bien — (car elle ne tient pas à le voir) — c’est elle. Son devoir la rappelait à Paris, près de son fils. Elle l’avait trop délaissé. La longue agonie de Germain, la douleur exigeante de Franz, l’avaient accaparée. Trois longs mois, elle s’y était donnée, toute, elle ne pouvait s’en libérer sans inhumanité : (c’était, du moins, l’excuse que sa conscience se prêtait). Mais à présent, le devoir n’était plus de rester. Le devoir se retrouvait de l’autre côté… Son fils la regardait, le blâme dans les yeux… Jamais il n’était sorti de sa pensée. À défaut des jours pleins de tâches, pas une nuit n’avait passé, sans qu’elle le revît, avec remords. Elle se tourmentait de ses dangers. Au lendemain du raid d’avions du 30 janvier, elle faillit partir pour le rejoindre. Ils ne s’écrivaient guère, et leurs lettres, espacées, se montraient économes de tendresse. Elle, par manque de temps, et par une raideur, qui provenait de sa gêne cachée : en restant loin de lui, elle savait qu’elle lui faisait tort ; et elle préférait ne pas se l’avouer : alors, elle attribuait sa contrainte aux torts qu’il avait envers elle. Et lui, ne pardonnait point la dernière rencontre, l’outrageante méfiance qui l’avait souffleté. Les