Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/126

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hospitaliser, je t’encombre, je ne suis pas capable de m’aider tout seul, je suis une fille… »

— « Dis donc ! fit d’en haut la voix rieuse, tu pourrais au moins n’en pas dire de mal. Les filles ont quelquefois du bon. »

— « Oui, toi. Mais des comme toi, il faut aller loin pour en trouver. »

— « Il n’y avait que la rue du Val-de-Grâce à tourner. »

Il sentit sur son visage la longue main qui, d’en haut, pendait, qui le cherchait, qui lui caressa le front, les sourcils, les yeux, puis, gamine, lui pinça le nez. Il essaya de l’attraper, comme un poisson, avec la bouche, sans sortir les bras de son lit. Elle lui dit :

— « Je suis sûre que tu ne connais pas le dicton de mon patelin. »

— « Quel ? »

— « Qui n’a couché à Orléans ne scait que c’est de femme ».

Il se remua :

— « Je ne demande qu’à le savoir. »

La main lui donna une claque et se retira :

— « Non, mon ami, non, mon ami. Ce n’est pas l’heure de l’école. L’heure pour dormir. Éteignez tout ! »

— « Tout ? »

— « Tout ce qui brûle, en haut, en bas. Couvre-feu. Dors ! »

Il garda le silence, quelques minutes, puis :

— « Ruche… »

— « Je dors… »

— « Un mot… Qu’est-ce que c’était, cet objet que j’ai vu briller, là, sur ta table ?… »

— « Rien. »

— « Un revolver ? »

— « Oui. »