Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/267

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Il appartenait à une vieille famille Sicilienne. Comte Bruno Chiarenza. Un nom antique, illustré au temps des Normands. Quelques beaux débris de grands biens, aux portes de Messine, au haut de la ville ; non loin des ruines de Matagrifone une antique demeure sans confort, dont la façade donnait sur une rue étroite, mais dont éclairait le portail un bas-relief des Délia Robbia. Par derrière, un bois d’orangers descendait en terrasses étagées jusqu’à la mer. Les Chiarenza y avaient passé, depuis des siècles, une vie simple et rustique, avec les nobles traditions d’un humanisme d’esprit un peu désuet, mais harmonieux et fleurant le miel de Théocrite. Ils berçaient le sommeil de leur glorieuse turbulence des anciens temps dans des tournois d’académies philologiques et poétiques de province, qui portaient des noms de monstres héraldiques : Lynx ou Griffons. Ils y dépensaient beaucoup d’ingéniosité oisive et une réelle érudition gréco-latine, qu’ils se transmettaient de père en fils, et quelquefois aussi de père en fille. La Grande-Grèce a, depuis Pythagore, admis les femmes aux droits égaux de l’esprit.

Le comte Bruno avait, en se jouant, acquis dans l’hellénisme académique une réputation méritée. Tout