Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/449

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Sylvie n’était pas très bien portante, ces jours-là. Elle ne l’était plus, depuis longtemps. Mais ce matin, elle fut prostrée. Un accablement pesait sur ses membres. Elle avait peine à se lever. Où était-il, son vif-argent des aubes d’antan, lorsque, les paupières à peine entre-bâillées, l’esprit bondissait hors du sommeil, et, du même coup, lançant les draps, les jambes nues hors du lit, et sur le tapis les durs petits pieds dressant leurs orteils ?… Elle se levait aujourd’hui, pour s’asseoir molle et sans souffle, sans même l’ombre d’énergie pour passer un pyjama, mouillée de sueur et frissonnante. Il lui fallut un grand effort pour faire sa toilette, en s’y reprenant à plusieurs fois. Ce n’était pas tant la force physique qui lui manquait, que la volonté. Car chacun de ces mouvements qui naguère s’accomplissaient mécaniquement, l’un déclenchant l’autre, sans qu’elle eût la peine d’y penser, réclamait d’elle aujourd’hui une volonté. Le bras levé vers les cheveux retombait, ou restait figé sur place, si on ne lui disait, à tout instant :

— « Allons, avance !… »

C’était lassant. Et tout de suite, au moindre effort, ce manque de souffle… Elle regardait dans le miroir