voulait pas se dessaisir du petit compagnon. Heureusement, Assia lui fournissait, par sa violence d’exagération, des prétextes plausibles pour se défendre.
Précisément, à cette époque, Sylvie occupait son fiévreux désœuvrement à des essais problématiques d’une sorte d’école ou de colonie des fortifs, pour les petits vagabonds de la zone. (Nous contons plus loin cette équipée). Assia, qui l’apprit, n’hésita pas : dans l’emportement de la discussion, elle parla d’y envoyer Vania. George s’y opposa, indignée. Annette souriait. Mais Assia tenait mordicus. Ce fut le petit qui trancha. Il dit :
— « Non ! »
— « Quoi, non ? » dit la mère. « Je ne te demande pas ton opinion. »
— a Mais moi, je la donne », dit le petit. « Et je dis : « non ! »
Il secouait la tête, d’un air décidé.
Assia l’appela, avec mépris :
— « Petit bourgeois ! »
Il serra les poings, il cria :
— « Ça n’est pas vrai ! »
— « Tu as peur de te salir avec les gosses de la rue ? »
— « Je n’ai pas peur de me salir, — avec personne ! Mais je n’irai pas ! »
— « Pourquoi ? »
— « Je n’irai pas. »
Il refusait de s’expliquer. Mais Annette, attirant contre ses genoux le garçonnet au front buté, lui chuchota :
— « Tu ne veux pas aller chez elle ? »
Il hocha la tête énergiquement.
— « Qu’est-ce que vous complotez ensemble ? » demanda Assia.
— « C’est notre affaire. Nous nous comprenons. »