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Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/54

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aux entournures. Si elle ne sait pas clairement ce qu’elle voudrait, il sent trop bien qu’elle voudrait de lui ce qu’il ne veut ni ne peut. Il la voit qui, depuis quelque temps, flaire dans les journaux et dans les livres, dans les entretiens, dans l’air du temps, les relents d’action violente qui fument des flancs du vieux monde : à droite, à gauche, partout, au loin, au près, en Amérique, en Russie, en Italie, en Balkanie, en Europe Centrale. Ces soubresauts de frénésie sont, pour la plupart, désordonnés ; ils ne semblent mener qu’à la destruction ; mais les plus aveugles, les plus sanglants sont une révolte de la vie. Tout, plutôt que rester gisants ! Ignavia est jacere… Et cette révolte, qui s’amasse au fond de Assia, fait qu’elle observe, avec une avidité inavouable — (qu’elle ne s’avoue pas) — même la montée de ces fascismes, qui achèvent d’assommer les anémiques libertés de l’Europe, à coups de matraques. Mais son instinct de troupeau, la voix du sang, la ramène de préférence vers les combats de l’U. R. S. S. Elle glisse, par une pente invincible, vers les sanglantes destinées où s’élabore par la violence un monde nouveau. Marc pressent, par l’intuition de l’amour menacé, le travail mystérieux qui s’opère dans l’esprit de Assia muette : il le voit prêt à filer sur la pente, et il voudrait le retenir ; mais il n’ose pas lui-même regarder la pente ; il a le vertige de cette U. R. S. S., et il évite d’en parler avec Assia. — Il l’attaque par un biais, de côté, sur les événements d’Italie, il essaie de lui arracher un blâme, un sursaut contre ces crimes organisés. La bouche de Assia reste cadenassée. Marc s’écrie :

— « Enfin, Assia, tu ne vas pas dire que tu as de la sympathie pour ce qu’ils font ? »

Elle réplique durement, sans daigner même le regarder :