Page:Rolland - La Révolte des machines.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La Belle Hortense minaude avec sa cour de Snobs. Le Maître des Machines ne cache pas ses sentiments ardents pour la belle actrice. Tout le monde s’en aperçoit et s’en amuse, sans qu’il le remarque. Sa femme Félicité finit par le lui faire voir : il en manifeste un dépit irrité (dont les effets se traduiront tout-à-l’heure, quand son subconscient commencera à agir). Pour le moment, il s’oblige à suivre la cérémonie, — à tout instant distrait par sa passion pour Hortense, par sa colère jalouse contre les adorateurs d’Hortense, par son dédain méprisant pour toute l’assistance ; il montre ce dédain d’une façon trop visible, en ricanant et haussant les épaules, à certaines âneries du discours présidentiel. Le Maître du Protocole doit lui adresser un rappel à l’ordre. D’ailleurs, le Président, tout plein de son éloquence écrite, (qu’il lit avec d’autant plus d’intérêt que, sans doute, elle n’est pas de lui), ne s’aperçoit de rien : — il ne s’aperçoit jamais de rien.

Au point final du discours, le Président pousse un bouton électrique qui met en mouvement toute l’armée des machines. (Acclamations de la foule.)

Puis, il donne la parole au Maître des Machines, qui s’avance, au milieu des applaudissements, heureux de l’occasion d’étaler orgueilleusement son génie devant cette assistance qui s’est ralliée de lui, et surtout devant la Belle Hortense, qu’il veut conquérir. Il commence par présenter à l’assemblée, d’un geste large, du haut de l’estrade, l’armée des

19