Page:Rolland - La Révolte des machines.djvu/40

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ment, la patrouille qui passe est escamotée en un tour de main, fourrée dans une grande gueule, ou convertie par les tubes-lance en un bloc de ciment.

Aussitôt après cet exploit qui a supprimé tous les gardes et veilleurs du Hall, un énorme ébrouement de joie secoue le peuple des machines. Sifflements, hurlements, rires stridents, barrissements de monstres. On voit se dresser et se tordre cent bras d’acier, se tendre et se détendre des courroies, tourner des roues, fumer des chaudières, mugir des ventilateurs. Un Pandaemonium de quelques instants.

Puis, l’ordre s’établit. Les machines se mettent en marche, par rang de taille. Elles vont se butter, comme un bélier, contre les murs du Hall. La formidable poussée se fait promptement une brèche. Les piliers de fonte oscillent, les parois se fendent, les vitraux éclatent et se pulvérisent. Et, par la trouée, qui laisse brusquement apparaître au fond du tableau un pan du ciel étoilé, le troupeau de monstres s’engouffre, à la queue leu leu, et disparaît dans la nuit.


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