ture pour l’amour ? Je ne comprends pas, je ne comprends pas… Dieu ne peut vouloir ce crime. Il nous a donné la vie pour vivre… La guerre ne vient pas de Dieu. D’où peut-elle venir ? »
Il pense que s’il pouvait causer avec un Chaldéen, ils s’entendraient. Pourquoi ne causeraient-ils pas ? Il a envie d’en appeler un, de lui tendre la main. L’autre soldat s’indigne :
— « Tu ne feras pas cela. Ils sont nos ennemis, nous devons les haïr. »
— « Pourquoi dois-je les haïr, si mon cœur ne sait pourquoi ? »
— « Ils ont commencé la guerre, ils ont été les aggresseurs. »
— « Oui, on dit cela à Jérusalem ; mais peut-être dit-on de même à Babel. Si on causait ensemble, on l’éclaircirait peut-être… Qui servons-nous, avec leur mort ? »
— « Nous servons le roi et notre Dieu. »
— « Mais Dieu a dit ; et il est écrit : Tu ne tueras point. »
— « Il est aussi écrit : Œil pour œil, dent pour dent. »
— « (Soupirant). Il y a beaucoup de choses écrites. Qui peut tout comprendre ? »
Il continue à se lamenter tout haut. L’autre lui enjoint de se taire.
— « Comment ne pas questionner, comment être sans inquiétude, à cette heure ? Sais-je où je suis et combien de temps encore je veille ?… Comment ne pas questionner sur ma vie, tandis que je suis en vie ?… Peut-être la mort est déjà en moi, qui questionne, et ce n’est déjà plus la vie… »
— « Ça ne sert à rien, qu’à tourmenter ».
— « Dieu nous a donné un cœur, pour qu’il se tourmente ».