Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/163

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haut. Toi, tu es comme tu es : tu ne fais rien à moitié ; si tu te perds, tu te perds à fond.

— Si je suis comme je suis, je ne puis pas l’empêcher. Et cela m’est égal !

— Mais moi, cela ne m’est pas égal ! Et moi, je l’empêcherai.

— De quel droit ?

— Du droit que tu m’appartiens. Oui, à moi, mon petit ! À ta mère et à moi. Elle ne te le dirait pas, elle qui se sacrifie ; mais je te le dis, moi : nous ne t’avons pas élevé, nous n’avons pas peiné pour toi pendant seize années, pour que tu détruises en un jour, comme un sot, tout ce que nous avons fabriqué. Quand tu seras un homme, quand tu te seras acquitté de tout ce que tu nous dois, tu pourras faire de toi ce qui te plaira. Jusque là, mon ami, tu as ta dette. Comme dit la caille dans les blés : « Paye ta dette ! »

Marc enrageait, criait qu’il n’avait pas demandé qu’on lui prêtât, pas demandé à vivre…

— Tu vis, mon ami. Enrage ! Et marche droit ! Je suis là pour y veiller.

Et, sans permettre qu’il prolongeât la discussion…

— Assez là-dessus ! On ferme…

… Elle examina posément, avec l’enfant qui frémissait de fureur impuissante, ce qu’on allait faire de lui :