Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 3.djvu/162

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— Toi ?

— Oui, qu’est-ce que j’en ai fait, de cette vie, de cette affection ?… Quelle honte !… Allons ! ce n’est pas la peine de s’attarder maintenant à ce qu’on ne peut plus défaire. Mais ce qu’on peut, il faut le faire. Tu es encore ici. Et j’ai à réparer.

— Quoi ?

— Le mal que je t’ai fait — laissé faire (c’est le même ; ne m’interromps pas !…) Et puis, tu sais, mon petit, n’essaie pas de plastronner devant moi ! Je ne suis pas ta mère. Les sottises que tu fais, et dont tu es si fier, j’en connais l’aune. Il n’y a pas de quoi s’enorgueillir.

— Ni de quoi en rougir.

— Peut-être. Je ne cherche pas à t’humilier. Je n’ai pas qualité. Car j’ai fait pire que toi. Je sais qu’on ne peut pas toujours y résister : ce serait inhumain. Mais je connais le danger ; et moi, j’ai toujours su à temps m’arrêter. Toi, tu ne sauras jamais ; tu es d’une autre espèce, tu es comme ta mère, tu prends tout au sérieux.

— Moi ! je ne crois à rien, dit Marc, se cambrant.

— C’est tout ce qu’il y a de plus sérieux ! Moi, je ne m’inquiète pas de rien, ni de tout ; je suis au moment présent, il me suffit pleinement : ce qui fait que je regarde toujours à mes pieds ; et s’il m’arrive de tomber, ce n’est jamais de très