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III


L’année 1921 marque l’apogée de l’ascendant de Gandhi. Il dispose d’un immense pouvoir moral ; et, sans qu’il l’ait cherché, on lui met dans les mains un pouvoir politique presque illimité. Le peuple le croit saint ; on fait de lui des peintures en Shri-Krishna[1]. Et, en décembre 1921, le Congrès National de toute l’Inde l’investit de la pleine autorité, lui délègue ses pouvoirs, avec la faculté de choisir son successeur. Il est le maître incontesté de la nation indienne. Il dépend de lui de déchaîner la Révolution politique, ou même, s’il l’eût voulu, d’instaurer une Réforme religieuse.

Il ne le fit pas. Il ne le voulut pas. Grandeur morale ? Timidité morale ? L’une et l’autre peut-être. Il est difficile à tout homme (particulièrement à un homme d’une civilisation

  1. Gandhi proteste, dans Young India (juin 1921).