Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/139

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Tagore est un bon veilleur qui avertit de l’approche d’ennemis qui se nomment : bigoterie, léthargie, intolérance, ignorance, inertie. Mais Gandhi n’admet point que les reproches de Tagore soient justifiés. Le Mahâtmâ s’adresse toujours à la raison. Et il n’est point vrai qu’il y ait dans l’Inde une obéissance aveugle. Si le pays s’est décidé pour l’emploi du rouet, ç’a été après une lente et laborieuse réflexion. Tagore parle de patience et se satisfait de beaux chants. C’est la guerre ! Que le poète pose sa lyre ! Il chantera, après. « Quand une maison est en feu, chacun prend un seau pour éteindre l’incendie… »

« Quand ceux qui m’entourent meurent, faute d’aliments, la seule occupation qui me soit permise est de nourrir les affamés… L’Inde est une maison en feu… L’Inde meurt de faim, parce qu’elle n’a pas de travail qui lui permette de trouver la nourriture. Khulna meurt de faim… Les Ceded Districts passent par une quatrième famine. Orissa souffre de famine chronique… L’Inde devient chaque jour plus exténuée. Dans ses membres, le sang ne circule presque plus. Si nous n’y avisons, elle va s’écrouler… Pour un peuple affamé et inactif, la seule forme sous laquelle Dieu puisse oser apparaître, c’est le Travail et la promesse de manger, en paiement. Dieu a créé l’homme pour qu’il gagnât