Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/191

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ploutocratie, un machinisme asservisseur, un matérialisme économique où l’âme meurt étouffée, — devaient fatalement mener à ces confuses mêlées, où disparaissent les trésors de l’Occident. Ce ne serait pas assez de dire qu’il y avait là une nécessité. Il y a là une Dikè. Chaque peuple égorge l’autre, au nom des mêmes principes, qui masquent les mêmes intérêts et les mêmes instincts de Caïns. Chacun, — nationalistes, fascistes, bolcheviks, peuples et classes opprimés, peuples et classes oppresseurs, — chacun revendique pour soi, en le refusant aux autres, le droit à la violence, qui lui paraît le Droit. Il y a un demi-siècle, la Force primait le Droit. Aujourd’hui, c’est bien pire : la Force est le Droit. Elle l’a dévoré.

Dans ce vieux monde qui s’écroule, nul asile, nul espoir. Aucune grande lumière. L’Église donne des conseils anodins, vertueux et dosés, qui veillent prudemment à ne la point brouiller avec les puissants ; au reste, elle conseille, et ne donne point l’exemple. De fades pacifistes bêlent languissamment, et l’on sent qu’ils hésitent ; ils parlent d’une foi, qu’ils ne sont pas sûrs d’avoir. Qui leur