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profession de foi du vicaire savoyard

confrères, — « ardents missionnaires d’athéisme et très impérieux dogmatiques, qui n’enduraient point sans colère que sur quelque point que ce pût être, on osât penser autrement qu’eux… Jamais, affirme-t-il, je n’adoptai leur désolante doctrine ; et cette résistance à des hommes aussi intolérants, qui d’ailleurs avaient leurs vues, ne fut pas une des moindres causes qui attisèrent leur animosité ». — Il entreprit de chercher sa philosophie propre. Ce fut un dur travail, et il fut souvent près d’y renoncer. Il persista pourtant. « Pour la première fois de ma vie, j’eus du courage ». Il s’agissait, pour lui, du « sort éternel de son âme ».

« Le résultat de ces pénibles recherches fut tel à peu près que je l’ai consigné depuis, dans la « Profession de Foi du Vicaire Savoyard », ouvrage indignement prostitué et profané dans la génération présente, mais qui peut faire un jour révolution parmi les hommes, s’il y renaît jamais du bon sens et de la bonne foi. » (Troisième « Rêverie d’un Promeneur solitaire », écrite en 1777, à la veille de sa mort.)

De fait, cet opuscule, au vaste essor, qui souleva les colères des catholiques et des protestants, et qui valut à son auteur d’être persécuté par eux, eut des répercussions incalculables dans le cœur des générations qui ont suivi.