Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Moins encore que Pierre, Luce s’informait des nouvelles. La guerre ne l’intéressait pas. C’est une misère de plus, parmi toutes les misères dont est tissue la vie sociale. Il n’y a, pour s’en étonner, que ceux qui sont à l’abri des réalités nues. Et la petite fille, à l’expérience précoce, qui connaissait le combat pour le pain quotidien — panem quotidianum… (Dieu ne le donne pas pour rien !) — révélait à son ami bourgeois la guerre meurtrière qui, pour les pauvres gens, et surtout pour les femmes, règne sournoise et sans trêve, sous le mensonge de la paix. Elle n’en disait pas trop pourtant, de peur de l’attrister : en voyant le saisissement où le jetaient ses récits, elle avait le sentiment affectueux de sa supériorité. Comme la plupart des femmes, elle n’éprouvait pas pour