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Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/14

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dans le malheur, qui les ignorent, et qu’ils ignorent. Ils ne doivent compter que sur eux-mêmes ; et il y a des moments où les plus forts fléchissent sous leur peine. Ils appellent un secours, un ami.

C’est pour leur venir en aide, que j’entreprends de grouper autour d’eux les Amis héroïques, les grandes âmes qui souffrirent pour le bien. Ces Vies des Hommes illustres ne s’adressent pas à l’orgueil des ambitieux ; elles sont dédiées aux malheureux. Et qui ne l’est, au fond ? À ceux qui souffrent, offrons le baume de la souffrance sacrée. Nous ne sommes pas seuls dans le combat. La nuit du monde est éclairée de lumières divines. Même aujourd’hui, près de nous, nous venons de voir briller deux des plus pures flammes, la flamme de la Justice et celle de la Liberté : le colonel Picquart, et le peuple des Boers. S’ils n’ont pas réussi à brûler les ténèbres épaisses, ils nous ont montré la route, dans un éclair. Marchons-y à leur suite, à la suite de tous ceux qui luttèrent comme eux, isolés, disséminés dans tous les pays et dans tous les siècles. Supprimons les barrières du temps. Ressuscitons le peuple des héros.

Je n’appelle pas héros ceux qui ont triomphé par la pensée ou par la force. J’appelle héros, seuls ceux qui furent grands par le cœur. Comme l’a dit