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Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/21

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BEETHOVEN.

du reste court », — le rire d’un homme qui n’est pas accoutumé à la joie. Son expression habituelle était la mélancolie, « une tristesse incurable ». Rellstab, en 1825, dit qu’il a besoin de toutes ses forces pour s’empêcher de pleurer, en voyant « ses doux yeux et leur douleur poignante ». Braun von Braunthal, un an plus tard, le rencontre à une brasserie : il est assis dans un coin, il fume une longue pipe, et il a les yeux fermés, comme il fait de plus en plus, à mesure qu’il approche de la mort. Un ami lui adresse la parole. Il sourit tristement, tire de sa poche un petit carnet de conversation ; et, de la voix aiguë que prennent souvent les sourds, il lui dit d’écrire ce qu’on veut lui demander. — Son visage se transfigurait, soit dans ses accès d’inspiration soudaine qui le prenaient à l’improviste, même dans la rue, et qui frappaient d’étonnement les passants, soit quand on le surprenait au piano. « Les muscles de sa face saillaient, ses veines gonflaient ; les yeux sauvages devenaient deux