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BEETHOVEN.

qu’elle pouvait l’entendre[1] ? » Elle était morte phtisique ; et Beethoven se croyait atteint de la même maladie ; il souffrait déjà constamment ; et il se joignait à son mal une mélancolie, plus cruelle que le mal même[2]. À dix-sept ans, il était chef de famille, chargé de l’éducation de ses deux frères ; il avait la honte de devoir solliciter la mise à la retraite de son père, ivrogne, incapable de diriger la maison : c’est au fils qu’on remettait la pension du père, pour éviter que celui-ci la dissipât. Ces tristesses laissèrent en lui une empreinte profonde. Il trouva toutefois un affectueux appui dans une famille de Bonn, qui lui resta toujours chère, la famille de Breuning. La gentille « Lorchen », Éléonore de Breuning, avait deux ans de moins que lui. Il lui apprenait la musique et elle l’initia à la poésie. Elle fut sa compagne

  1. Lettre au docteur Schade, à Augsbourg, 15 septembre 1787 (Nohl, Lettres de Beethoven, II).
  2. Il disait plus tard (en 1816) : « C’est un pauvre homme, celui qui ne sait pas mourir ! Quand je n’avais que quinze ans, je le savais déjà. »