Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/46

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l’aimait depuis longtemps, — depuis que, petite fille, elle prenait avec lui des leçons de piano, dans les premiers temps de son séjour à Vienne. Beethoven était ami de son frère, le comte François. En 1806, il fut leur hôte à Mârtonvàsàr en Hongrie, et c’est là qu’ils s’aimèrent. Le souvenir de ces jours heureux s’est conservé dans quelques récits de Thérèse de Brunswick[1]. « Un soir de dimanche, dit-elle, après dîner, au clair de lune, Beethoven s’assit au piano. D’abord il promena sa main à plat sur le clavier. François et moi nous connaissions cela. C’était ainsi qu’il préludait toujours. Puis il frappa quelques accords sur les notes basses ; et, lentement, avec une solennité mystérieuse, il joua un chant de Sébastien Bach[2] :

  1. Mariam Tenger : Beethoven’s unsterbliche Geliebte, Bonn, 1890.
  2. C’est l’air admirable qui figure dans l’Album de la femme de J.-S. Bach, Anna Magdalena (1725), sous le titre : Aria di Giovannini. On a discuté son attribution à J.-S. Bach.