Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/71

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cription, recueillit sept souscripteurs (dont pas un musicien)[1]. Il recevait à peine trente ou quarante ducats pour ses admirables sonates, dont chacune lui coûtait trois mois de travail. Le prince Galitzin lui faisait composer ses quatuors, op. 127, 130, 132, ses œuvres les plus profondes peut-être et qui semblent écrites avec son sang ; il ne les lui payait pas. Beethoven se consumait dans des difficultés domestiques, dans des procès sans fin, afin d’obtenir les pensions qu’on lui devait, ou de conserver la tutelle d’un neveu, le fils de son frère Charles, mort de la phtisie en 1815.

Il avait reporté sur cet enfant le besoin de dévouement dont son cœur débordait. Il se réservait là encore de cruelles souffrances. Il semble qu’une sorte de grâce d’état ait pris soin de renouveler sans cesse et d’accroître sa misère, pour que son génie ne manquât point d’ali-

  1. Beethoven s’était adressé personnellement à Cherubini, qui était « de ses contemporains celui qu’il estimait le plus ». (Nohl, Lettres de Beethoven, CCL.) Cherubini ne répondit pas.