Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/77

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C’est du fond de cet abîme de tristesse que Beethoven entreprit de célébrer la Joie.

C’était le projet de toute sa vie. Dès 1793, il y pensait, à Bonn[1]. Toute sa vie, il voulut chanter la Joie, et en faire le couronnement de l’une de ses grandes œuvres. Toute sa vie, il

  1. Lettre de Fischenich à Charlotte Schiller (janvier 1793). L’ode de Schiller avait été écrite en 1785. — Le thème actuel apparaît en 1808, dans la Fantaisie pour piano, orchestre et chœur, op. 80, et en 1810, dans le Lied, sur des paroles de Gœthe : Kleine Blumen, kleine Blaetter. — J’ai vu dans un cahier de notes de 1812, appartenant au Dr Erich Prieger, à Bonn, entre les esquisses de la Septième Symphonie et un projet d’ouverture de Macbeth, un essai d’adaptation des paroles de Schiller au thème qu’il utilisa plus tard dans l’ouverture op. 115 (Namensfeier). — Quelques-uns des motifs instrumentaux de la Neuvième Symphonie se montrent avant 1815. Enfin, le thème définitif de la Joie est noté en 1822, ainsi que tous les autres airs de la Symphonie, sauf le trio, qui vient peu après, puis l’andante moderato, et enfin l’adagio, qui parait le dernier.
    Sur le poème de Schiller, et sur la fausse interprétation qu’on en a voulu donner, de notre temps, en substituant au mot Freude (Joie) le mot Freiheit (Liberté), voir un article de Charles Andler dans Pages Libres (8 juillet 1905).