Page:Rolland - Vie de Tolstoï.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour la vie des autres, est la vocation de l’homme ».

Une telle femme non seulement n’encouragera pas son mari à un travail faux et trompeur, qui n’a pour but que de jouir du travail des autres ; mais avec horreur et dégoût, elle envisagera cette activité qui serait une séduction pour ses enfants. Elle exigera de son compagnon le vrai travail, qui veut de l’énergie et ne craint pas le danger… Elle sait que les enfants, les générations à venir, sont ce qu’il est donné aux hommes de voir de plus saint, et qu’elle vit pour servir, de tout son être, cette œuvre sacrée. Elle développera dans ses enfants et dans son mari la force du sacrifice… Ce sont de telles femmes, qui dominent les hommes et leur servent d’étoile conductrice… Ô femmes-mères ! Entre vos mains est le salut du monde[1] !

C’est l’appel d’une voix qui supplie, qui espère encore… Ne sera-t-elle pas entendue ?…

Quelques années plus tard, la dernière lueur d’espoir est éteinte :

Vous ne le croirez peut-être pas ; mais vous ne sauriez imaginer combien je suis isolé, jusqu’à quel point mon moi véritable est méprisé par tous ceux qui m’entourent[2].

  1. Ce sont les dernières lignes de Que devons-nous faire ? Elles sont datées du 14 février 1886.
  2. Lettre à un ami, publiée sous le titre : Profession de foi, dans le volume intitulé Plaisirs cruels, 1895, trad. Halpérine-Kaminsky.