la violence. C’est pourquoi votre activité, au Transvaal, qui semble pour nous au bout du monde, se trouve cependant au centre de nos intérêts ; et elle est la plus importante de toutes celles d’aujourd’hui sur la terre ; non seulement les peuples chrétiens, mais tous les peuples du monde y prendront part.
« Il vous sera sans doute agréable d’apprendre que chez nous aussi, en Russie, une agitation pareille se développe rapidement, et que les refus de service militaire augmentent d’année en année. Quelque faible que soit encore chez vous le nombre des Non-Résistants et chez nous celui des réfractaires, les uns et les autres peuvent se dire : « Dieu est avec nous. Et Dieu est plus puissant que les hommes. »
« Dans la profession de foi chrétienne, même sous la forme de christianisme perverti qui nous est enseigné, et dans la croyance simultanée à la nécessité d’armées et d’armements pour les énormes boucheries de la guerre, il existe une contradiction si criante qu’elle doit, tôt ou tard, probablement très tôt, se manifester dans toute sa nudité. Alors il faudra ou bien anéantir la religion chrétienne, sans laquelle pourtant, le pouvoir des États ne pourrait se maintenir, ou bien supprimer l’armée et renoncer à tout emploi de la force, qui n’est pas moins nécessaire aux États. Cette contradiction est sentie par tous les gouvernements, aussi bien par le vôtre Britannique que par le nôtre Russe ; et, par esprit de conservation, ils poursuivent ceux qui la dévoilent, avec plus d’énergie que toute autre activité ennemie de l’État. Nous l’avons vu en Russie, et nous le voyons par ce que publie votre journal. Les gouvernements savent bien d’où le danger le plus grave les menace, et ce ne sont pas seulement leurs intérêts qu’ils protègent ainsi avec vigilance. Ils savent qu’ils combattent pour l’être ou le ne-plus-être.