Page:Rolland - Vie de Tolstoï.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dant ces deux années. Et tout ce que j’ai trouvé alors restera ma conviction… En ces deux ans de travail spirituel persistant, j’ai découvert une simple, une vieille vérité, mais que je sais maintenant, comme personne ne le sait : je découvris qu’il y a une immortalité, qu’il y a un amour, et qu’on doit vivre pour les autres, afin d’être éternellement heureux. Ces découvertes me jetèrent dans l’étonnement, par leur ressemblance avec la religion chrétienne ; et, au lieu de chercher à découvrir plus avant, je me mis à chercher dans l’Évangile. Mais je trouvai peu. Je ne trouvai ni Dieu, ni le Sauveur, ni les Sacrements, rien… Mais je cherchais, de toutes, toutes, toutes les forces de mon âme, et je pleurais, et je me torturais, et je ne désirais rien que la vérité… Ainsi, je suis resté seul, avec ma religion[1]. »

  1. Il rajoute, à la fin de sa lettre :

    « Comprenez-moi bien !… J’estime que, sans la religion, l’homme ne peut être ni bon, ni heureux ; je voudrais la posséder plus que toute autre chose au monde ; je sens que mon cœur se dessèche sans elle… Mais je ne crois pas. C’est la vie qui crée chez moi la religion, et non la religion la vie… Je sens en ce moment une telle sécheresse dans le cœur qu’il me faut posséder une religion. Dieu m’aidera. Cela viendra… La nature est pour moi le guide qui mène à la religion, chaque âme a son chemin différent et inconnu ; on ne le trouve qu’en ses profondeurs… »