Et quelle est l’activité de la raison ? — L’amour.
L’amour est la seule activité raisonnable de l’homme, l’amour est l’état de l’âme le plus rationnel et le plus lumineux. Tout ce dont il a besoin, c’est que rien ne lui cache le soleil de la raison, qui seul le fait croître… L’amour est le bien réel, le bien suprême, qui résout toutes les contradictions de la vie, qui non seulement fait disparaître l’épouvante de la mort, mais pousse l’homme à se sacrifier aux autres ; car il n’y a pas d’autre amour que celui qui donne sa vie pour ceux qu’on aime ; l’amour n’est digne de ce nom que lorsqu’il est un sacrifice de soi-même. Aussi le véritable amour n’est-il réalisable que lorsque l’homme comprend qu’il lui est impossible d’acquérir le bonheur individuel. C’est alors que tous les sucs de sa vie viennent alimenter la noble greffe de l’amour véritable ; et cette greffe emprunte pour sa croissance toute sa vigueur au tronc de cet arbre sauvage, l’individualité animale…[1].
Ainsi, Tolstoï n’arrive pas à la foi, comme un fleuve épuisé, qui se perd dans les sables. Il y apporte le torrent de forces impétueuses amassées durant une puissante vie. — On allait s’en apercevoir.
Cette foi passionnée, où s’unissent en une
- ↑ De la Vie, xxii-xxv. — Comme pour la plupart de ces citations, je résume plusieurs chapitres en quelques phrases caractéristiques.