Page:Rolland Clerambault.djvu/213

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triotes. Les familles des âmes sont dispersées à travers le monde. Reformons-les ! Notre tâche est de détruire les nations chaotiques, et de tresser à leur place des groupes harmonieux. Rien ne l’empêchera. Les persécutions mêmes forgeront sur la souffrance commune la commune affection des peuples torturés.

D’autres fois, sans nier l’idée de nation, et même en admettant les nations comme un fait naturel, — (car il ne se piquait pas de logique, et cherchait seulement à atteindre l’idole, à tous les défauts de la cuirasse), — il affirmait brutalement son détachement de leurs rivalités. Cette attitude n’était pas la moins dangereuse.

Je ne puis m’intéresser aux querelles de suprématie entre vos nations. Il m’est indifférent que triomphe sur le ring telle ou telle couleur. Quel que soit le gagnant, c’est l’humanité qui gagne. Il est juste que le peuple le plus vivant, le plus intelligent, et le plus travailleur, l’emporte dans les luttes pacifiques du travail. Le monstrueux serait que les concurrents évincés, ou sur le point de l’être, eussent recours à la violence pour l’éliminer du marché. Ce serait sacrifier les intérêts de tous les hommes à ceux d’une raison commerciale. La patrie n’est pas une raison commerciale. Il est certes fâcheux que la hausse des uns fasse la baisse des autres ; mais quand le grand commerce de mon pays ruine le petit commerce de mon pays, vous ne dites pas que c’est un crime de lèse-patrie ; et pourtant, cette lutte fait des ruines plus tristes et plus