Page:Rolland Clerambault.djvu/306

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d’autres violences, d’autres idoles assassines à opposer aux premières, de nouveaux dieux de carnage, que l’homme se forge à lui-même pour tâcher d’ennoblir ses instincts malfaisants !

Ah ! Dieu, comment ne sentent-ils pas l’imbécillité de leurs furieuses agitations, en face du gouffre où s’abîme, en chaque agonisant, l’entière humanité ! Comment des millions d’êtres qui n’ont plus qu’un instant à vivre s’acharnent-ils à le rendre infernal, par leurs atroces et ridicules dissentiments d’idées ! Des gueux qui se massacrent, pour une poignée de sous, qu’on leur jette, et qui sont faux ! Tous, ils sont des victimes, également condamnées ; et au lieu de s’unir, ils se combattent entre eux !… Malheureux ! Donnons-nous le baiser de paix. Sur chaque front qui passe, je vois la sueur de l’agonie…

Mais un flot humain qu’il croisa, — hommes et femmes — criaient, hurlaient de joie :

— Il tombe ! Il y en a un qui tombe ! Il tombe ! Les cochons brûlent !…

Et les oiseaux de proie, ceux qui planaient là-haut, jubilaient dans leur cœur, à chaque poignée de mort qu’ils semaient sur la ville. Comme des gladiateurs, qui s’enferrent dans l’arène, pour la satisfaction de quel Néron invisible ?

O mes pauvres compagnons de chaînes !