Page:Rolland Clerambault.djvu/31

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sens, comme une mouche, attrapant au hasard une bribe, entendit le dernier mot et s’exclama :

— Maxime, ne dis donc pas de bêtises !

Maxime protestait, montrant dans son journal la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie.

— À qui ?

— À la Serbie.

— Oh bien ! fit la bonne femme, avec l’air de dire : « Ce qui se passe dans la lune !… »

Mais Maxime, insistant, — doctus cum libro, — prouvait que, de proche en proche, cet ébranlement lointain pourrait mettre le feu aux poudres. Clerambault, qui commençait à sortir de son agréable torpeur, sourit tranquillement et dit qu’il ne se passerait rien :

— Un bluff, comme on en avait tant vu depuis trente ans : chaque année, au printemps, ou à l’été Des matamores qui agitaient leur sabre Ils ne croyaient pas à la guerre ; personne n’en voulait La guerre était impossible : on l’avait démontré. C’était un croquemitaine dont il restait à purger le cerveau des libres démocraties

Il développa ce thème

La nuit était sereine, douce et familière. Les grillons dans les champs. Un ver luisant dans l’herbe. Le bruit d’un train lointain. La glycine s’exhalait. Un jet d’eau s’égouttait. Dans le ciel sans lune, le sillon lumineux de la Tour Eiffel tournait.

Les deux femmes rentrèrent. Maxime, las d’être assis, courait au fond du jardin, avec son jeune chien.