Page:Rolland Clerambault.djvu/367

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— En ce cas, nous viendrons avec nos amis, pour vous accompagner.

— Non, non… Quelle idée ! Vous voulez me rendre ridicule Et d’abord, je suis sûr qu’il ne se passera rien du tout.

Leurs insistances furent inutiles.

— Vous ne m’empêcherez toujours pas de venir, moi, dit Moreau. Je suis aussi entêté que vous. Vous n’y couperez pas. Plutôt que de vous manquer, je passerai la nuit, assis sur le banc en face de votre porte.

— Allez vous coucher dans votre lit, mon cher ami, dit Clerambault, et dormez tranquillement. Vous viendrez demain, puisque vous le voulez. Mais vous perdrez votre temps. Il n’arrivera rien. Embrassez-moi, tout de même.

Ils l’embrassèrent affectueusement.

— Voyez-vous, dit Gillot sur le pas de la porte, on a charge de vous. On est un peu votre fils.

— C’est vrai, dit Clerambault, avec un bon sourire.

Il pensait à son fils. Et, refermant la porte, il fut quelques minutes avant de s’apercevoir qu’il rêvait debout, la lampe à la main, immobile, dans l’antichambre où il venait de reconduire ses jeunes amis. Il était près de minuit, et Clerambault était las. Cependant, au lieu de rentrer dans la chambre conjugale, il retourna machinalement dans son cabinet. L’appartement, la maison, la rue, étaient endormis. Il s’assit et retomba dans son immobilité. Il regardait devant lui, vaguement, sans la voir, le reflet de la