Page:Rolland Handel.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’écriture mélodique et l’accent dramatique de certaines pages. Le chef-d’œuvre de cette période est le Orlando (27 janvier 1733), dont la richesse et la perfection musicales vont de pair avec l'intelligence des caractères et la vie spirituelle ou passionnée. Si le Tamerlano de 1724 évoque l’idée des tragédies de Gluck, c'est aux beaux opéras de Mozart que fait penser Orlando.

Tout en continuant la lutte pour l'opéra italien, Hændel profitait du succès inattendu que le nationalisme anglais faisait à une reprise de son Acis et Galatée et de son Esther[1], écrits sur des paroles anglaises ; et de nouveau il tentait, d'une façon plus consciente que dix ans auparavant chez Chandos, de fonder une forme de théâtre musical plus libre et plus riche, ou le lyrisme des chœurs eût un large emploi. Pour la reprise d'Esther, en 1732, il introduisit dans l’œuvre de 1720 les plus beaux chœurs des Psaumes du Cou-

  1. Acis et Galatée fut repris dès 1731, puis redonné en 1732 au théâtre Haymarket, avec décors et machines, sous le titre de English Pastoral Opera. La représentation avait lieu sans l'assentiment de Hændel, qui, pour répondre à la concurrence, fit jouer lui-même son œuvre, un mois plus tard. — Quant à Esther, un membre de l'Académie d'ancienne musique, Bernhard Gates, qui avait autrefois chanté dans la pièce chez le duc de Chandos, et qui en possédait une copie, la fit jouer à l'Hôtellerie de la Couronne et de l'Ancre, le 23 février 1732. À son tour, Hændel dirigea l’œuvre, le 2 mai 1732, au théâtre Haymarket, sous le titre d' « oratorio anglais ». Six auditions ne suffirent pas à satisfaire la curiosité du public.