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L’ESTHÉTIQUE ET L’ŒUVRE




Il n’est pas de grand musicien qu’il soit aussi impossible que Hændel d’enfermer dans une définition, ou même dans plusieurs. Bien que de très bonne heure — (beaucoup plus tôt que J.-S. Bach), — il soit arrivé à la maîtrise de son style, il ne s’est jamais fixé dans une forme d’art. Il est même difficile de saisir en lui une évolution consciente et raisonnée. Son génie n’est pas de ceux qui suivent un seul chemin, et montent droit devant eux, jusqu’à ce qu’ils soient au but. De but, il n’en a pas d’autre que de faire bien tout ce qu’il fait : tous les chemins lui sont bons, — installé, dès ses premiers pas, à la croisée des routes, d’où il domine le pays et rayonne de tous côtés, sans faire son siège nulle part. Il n’est pas de ceux qui imposent à la vie et à l'art une volonté idéaliste, soit violente, soit patiente, — de ceux qui inscrivent dans le livre de la vie la formule de leur vie.