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une bien autre vie que celles de ses précurseurs allemands ; elles ont une intrépidité d’allure, une fougue, une flamme qui n’appartiennent qu’à lui. Elles vivent. « Toutes les notes parlent », disait Mattheson. Ces fugues ont le caractère de géniales improvisations ; et en vérité, elles étaient des improvisations. Hændel les nomme : Voluntarys, caprices volontaires et savants. Il fait un fréquent usage des doubles fugues, mais avec une désinvolture magistrale. « Un tel art réjouit l’auditeur et tient chaud au compositeur et à l’exécutant », disait encore Mattheson, qui, après avoir entendu J.-S. Bach, trouvait Hændel le plus grand dans la composition de la double fugue et dans l’improvisation.

Cette habitude — on pourrait dire : ce besoin — d’improviser fut la source de ses grands Concertos d’orgue. Hændel dirigeait, au clavecin, suivant la mode du temps, ses opéras et ses oratorios ; il accompagnait les chanteurs avec un art merveilleux, se pliant à leur fantaisie, et, quand le chant se taisait, se livrant à la sienne[1].


    alle Erstgeburt Ægyptens, et la fugue en la mineur, le chœur : Mit Ekel erfüllte der Trank. Une autre (la quatrième) avait servi pour l’ouverture de la Passion de Brockes.

  1. Les indications : ad libitum, ou cembalo, qu’en trouve de temps en temps dans ses partitions, marquent la place réservée à l’improvisation.

    Malgré la force corporelle de Hændel, son jeu était extrêmement doux et égal. Burney dit que « quand il jouait, ses