Page:Rolland Handel.djvu/26

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d’avoir fait briller, une heure, ce foyer de bel art italien. Et ce fut ainsi que le petit Hændel se trouva, pour la première fois, en contact avec la musique du Midi[1].

L’enfant, qui se fit entendre au clavecin, devant un public de princes, eut tant de succès que l’électeur de Brandebourg voulut l’attacher à son service ; il offrit au père de Hændel d’envoyer le petit en Italie, pour achever son instruction. Le vieux refusa. Il avait l’humeur fière : il ne voulait pas, dit Mainwaring, que son fils fût lié trop tôt à un prince. D’ailleurs, il se sentait mourir, et il désirait revoir l’enfant.

Le petit Hændel revint. Trop tard. Il apprit, en chemin, que son père était mort, le 11 février 1697. — Le principal obstacle à sa vocation musicale avait disparu ; mais il avait un respect si profond de la volonté paternelle qu’il s’obligea, pendant des années encore, à étudier le droit, puisque son père l’avait voulu. Après avoir achevé sans hâte ses classes au gymnase, il se fit

  1. Tout ce qu’on a conté de sa rencontre avec Ariosti et Bononcini est d’ailleurs légendaire. M. A. Ebert a montré qu’Ariosti n’est venu à Berlin qu’en 1697, et que Bononcini, qui n’arriva en Allemagne qu’en novembre 1697, semble n’être pas venu à Berlin avant 1702. Pour que Hændel l’y eût rencontré, il faudrait qu’il y fût retourné, en 1703, en allant à Hambourg. Mais alors, il avait dix-huit ans ; et la légende de l’enfant-prodige, victorieux des deux maîtres italiens, s’évanouit. (A. Ebert : Attilio Ariosti in Berlin, 1905, Leipzig.)