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Ce double modèle de l’Italie et de la France, et l’exemple de Cousser, contribuèrent à former le meilleur musicien de l’Opéra de Hambourg, Reinhard Keiser, — un homme qui, à défaut de caractère et peut-être de science suffisante, eut certainement du génie[1].

Keiser avait moins de trente ans, quand arriva Hændel ; mais il était en pleine gloire. Kapellmeister de l’Opéra de Hambourg depuis 1695, puis directeur du théâtre depuis la fin de 1702, très bien doué, mais de culture hâtive, et dissipé, voluptueux, insouciant, il était le souverain incontesté de l’opéra allemand, l’artiste-type de cette époque débordante de vie matérielle et possédée de l’amour du plaisir.

On a montré dans ses premiers opéras l’influence de Lully[2] et celle de Steffani[3]. Mais sa personnalité est facilement reconnaissable, sous ces éléments d’emprunt. Il avait un sens très fin

  1. Reinhard Keiser était né en 1674 à Teuchern, près de Weissenfels ; et il mourut en 1739 à Copenhague.

    Voir Hugo Leichtentritt : R. K. in seinen Opern, 1901, Berlin ; — Wilhelm Kleefeld : Das Orchester der ersten deutschen Oper, 1898, Berlin ; — F.-A. Voigt : R. K. (1890, dans le Vierteljahrsschrift für Musikwissenschaft). — L’Octavia et le Crœsus de Keiser ont été réédités.

  2. Dans les ouvertures en trois parties, avec indications françaises : Vitement, Lentement. Aussi dans les préludes instrumentaux, et peut-être dans les danses.
  3. Surtout dans les duos, d’un caractère un peu contrapontique.