l’accent, la ponctuation, le souffle vivant, mais sans rien sacrifier de la beauté musicale. Son récitatif arioso, intermédiaire entre le récitatif oratoire des Français et le recitativo secco des Italiens, fut un des modèles du récitatif de J.-S. Bach[1] ; et même après J.-S. Bach et Hændel, Mattheson persistait à voir en Keiser le maître du genre. — Mais le don supérieur de Keiser fut son invention mélodique. En cela, il fut un des premiers artistes de l’Allemagne, un Mozart de la première moitié du XVIIIe siècle. Il avait une inspiration abondante et affectueuse. Comme disait Mattheson, « sa vraie nature était la tendresse, l’amour… Du commencement à la fin de sa carrière, il sut rendre les sentiments voluptueux avec un naturel si exquis que personne ne l’a surpassé, dans cette peinture. » Son style mélodique, beaucoup plus avancé que celui de Hændel, non seulement à cette époque, mais à aucun moment de sa vie, est libre, dégagé de tout style contrapontique, et, par-dessus Hændel, il se rattache à Hasse, qui en était nourri, aux symphonistes de Mannheim, et à Mozart.
- ↑ Comparer aux récitatifs des premières grandes cantates de J.-S. Bach : Aus der Tiefe, Gottes Zeit, qui sont de 1709 à 1712-4, tels récitatifs de l’Octavia de Keiser (1705), notamment, acte II, Hinweg, du Dornen schwangre Krone ! Inflexions mélodiques, modulations, harmonies, coupe de phrase, cadences, tout est dans le style de J.-S. Bach, plus encore que dans celui de Hændel.